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Dialogue en miroir : masques traditionnels roumains – masques traditionnels africains

En Roumanie, les masques traditionnels étaient utilisés à différentes occasions, étant associés à des célébrations ou à des rites archaïques. Le plus souvent, ils étaient portés à l’occasion des fêtes de fin d’année, soit uniquement sur le visage, soit en couvrant le corps entier comme « la chèvre » ou d’autres personnages de sa suite, « l’ours » ou « le cerf » etc. Les masques de visage représentent des êtres mythologiques, généralement d’apparence grotesque ou diabolique, des visages de personnes âgées (grands-pères et grands-mères) et divers animaux. La fonctionnalité des masques comprime à la fois une fonction rituelle et ludique ; leur usage est strictement lié à certaines fêtes, où ils ont pour rôle de chasser les mauvais esprits dans une logique complexe de dissimulation mêlée à la transfiguration et à la magie.

L’exposition se veut un dialogue entre les masques traditionnels roumains et les masques traditionnels africains. Afin de montrer la richesse et la variété des masques en Roumanie, l’équipe du Musée National du Paysan Roumain a choisi deux types de pièces : 1) d’une part, des masques traditionnels récemment fabriqués par des artisans des principales régions roumaines où ils sont encore portés, et 2) d’autre part, des photos anciennes d’archives, ainsi que des photos prises à l’époque contemporaine qui présentent les coutumes réalisées avec des masques. Les photos d’archives complètent ce tableau, provenant des Archives du Musée National du Paysan Roumain, prises sur le terrain entre 1950 et 1980 dans le village de Târpești, département de Neamț, où Nicolae POPA, artisan de masques traditionnels, a réalisé un complexe ensemble du Nouvel An qui comprenait « irozi » (des jeunes costumés qui parcourent les rues en chantant des noëls), le « bande du célèbre haïdouk Iancu JIANU », des « chèvres », des « ours », des « gitans », des « grands-mères » et des « grands-pères », la personnification du « Nouvel An » et de « l’Année passée ».

Les photographies contemporaines sont prises en Bucovine par l’artiste Nicu MIHALI dans les communautés traditionnelles de Vama, Udești, Calafindești, Bosanci, Scheia, où la coutume du masquage à l’occasion du Nouvel An est encore vivant. Des bandes de gens costumés et accompagnés de « grands-mères » et de « grands-pères », « d’ours » et de « chèvres », de « mariés », de « gendarmes » et de « soldats » parcourent les rues le matin du 31 décembre pour annoncer que la vieille année est terminée et qu’une nouvelle année commencera le lendemain. Les masques contemporains sont fabriqués par les derniers artisans qui fabriquent encore des accessoires nécessaires aux coutumes du Nouvel An, en respectant le spécifique de la région et les méthodes de fabrication archaïques – en utilisant des peaux tannées de mouton et de chèvre, des étoupes, de la laine en différentes couleurs, des patchs et d’autres matériels textiles anciens, des chapeaux, des haricots, des boutons.

Les 41 masques sont fabriqués par des artisans de la Moldavie et de la Bucovine, les régions roumaines où la coutume est préservée : Stela et Gheorghe LUCACIU de Șcheia, département de Suceava ; Tudorița et Pavel LUPAȘC de Nereju, département de Vrancea ; Marineta DUMITRIU de Bârlad, département de Vaslui ; Ana et Ioana NEGOIȚA de Draxini, département de Botoşani ; Iulian MIHALACHI de Bălțătești, département de Neamț.Ils perpétuent l’artisanat hérité des générations passées, en innovant constamment et en modernisant le masque en tant que forme d’expression artistique et rituelle.