FAIRE DES MERVEILLES

Pour l’homme des temps préhistoriques, une scène de chasse dessinée pouvait aider une chasse réelle, les flèches perçant des cerfs et des mammouths peints sur les murs d’une cave avaient pour lui une puissance effective, réelle. Investie d’un pouvoir magique, l’image était une sorte d’incantation. Depuis la naissance de la culture que nous connaissons sous le nom de « classique » et pendant de longues époques consécutives l’art avait été confiné au rôle d’« illustration » : d’abord, de l’histoire, empruntée aux mythes antiques et textes sacrés des religions monothéistes, puis de la réalité autour de l’homme. Les pratiques artistiques, proches aux rites, capables de modifier la réalité, n’ont survécu que dans les traditions populaires, transmises d’une génération à l’autre. Le 20e siècle a fait renaître la foi à ce pouvoir transformateur de l’art. L’art de l’avant-garde russe, reniant toute image, a déclaré un nouvel acte de création, celle de son propre monde par les formes impossibles dans la réalité tout autant qu’en mythologie, annonçant ainsi le retour au pouvoir tout-puissant, évocatoire, de l’art. Aujourd’hui, de nombreuses modèles léguées par les époques antérieures sont à la disposition de l’artiste. Parmi elles, les découvertes du modernisme et les leçons du figuratif dans toutes ses variations historiques depuis l’académisme jusqu’à l’expressionnisme, mais aussi les techniques issues des époques et pays différents, sans oublier les nouvelles technologies que l’art a adopté à partir du dernier tiers du 20e siècle. Groupant des langages, des genres, des méthodes, des styles, des matières, l’art crée de nouvelles configurations formelles, mais aussi sémantiques.

Les œuvres de l’exposition Faire des merveilles montrent un paysage complexe composé de différentes stratégies d’auteur. L’ironie et la poésie, l’effet théâtral et l’ascétisme, les traditions et les visions du futur y coexistent en égalité. Pourant, toutes les œuvres de l’exposition ont une chose en commun. C’est la foi que l’art, même aujourd’hui, reste toujours une sorte de magie. Un des symboles de ce pouvoir de l’artiste de faire des merveilles est la Lune privée de Leonid Tishkov. Privatisée par l’artiste il y a vingt ans, elle voyage à travers le monde, de la Russie jusqu’au Japon. Les façades de grands et petits musées sont toujours éclairées par ses doubles pour nous rappeler que « le monde est fait de la lumière, c’est cette lumière qui dirige le ciel et la terre ». Le pouvoir de l’artiste d’animer des choses simples tombées sous sa main se manifeste dans les œuvres de Nina Kotel.

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